cela déchire rassemble
au même lieu
et dans le même temps
savoir que les mots
viennent à même la chair
l’oubli
ne compte pas
chaque mot est arraché
à ce qui l’efface
à ce qui nous construit
surgit
du trou de vivre
chaque mot est bouillonnant
bouillonné
lancé hors du vide
dont nous venons
qui fut habité
dont il se remplit
chaque mot habille
la transparence
qui est nôtre
il la montre
chaque mot
la met au monde
lui donne corps
chaque mot
fait écrin
fait écran
à cette absence-là
on la devine vertige
Claudine Bohi, «Passage du mot», Mettre au monde, Paris, L’herbe qui tremble, 2018, p. 14-15-16.